Télémagazine
29 janvier au 4 février 1994
-Nomination au 1ères «Victoires de la Musique classique» pour la musique du film L'Ecrivain public-

Mardi 1er février/France3, 20 h 50
Victoires de la musique classique

William Sheller,la leçon de musique

 

Compositeur, il est joué à Pleyel entre Mozart et Stravinski. Chanteur, il est respecté du monde de la variété. Il est donc le lien parfait entre classique et chanson pour intervenir dans ces premières Victoires de la musique classique.

- Télémagazine : «Comment êtes-vous arrivé à la musique ?»
- William Sheller : «Comme ça ! Je ne me suis jamais posé la question. De toute façon, il vaut mieux avoir ça dans le ventre parce que la musique peut être insupportable.  Elle interfère dans la vie, elle isole. Petit, j’ai fait le Conservatoire puis j’ai appris la musique savante contemporaine, c’est-à-dire la musique officielle. Mon maître me destinait au Prix de Rome. Mais je me suis enfui…»

- «Pourquoi ?»
- «On nous disait que seule la musique contemporaine était valable. On nous apprenait la grandeur, la postérité. Mais moi, je me disais : "Et les gens d’aujourd’hui ? " C’est pour ça que j’ai décroché. Je n’avais pas envie de finir en buste de bronze dans un square, couvert de cacas de pigeon ! Ce que je voulais et que je veux toujours, c’est faire de la musique pour la radio, pour prendre mon pied, pour jouer avec des musiciens. Si je n’ai plus de rapport avec les gens de la musique contemporaine, j’en ai avec la musique dite classique.»

- «Comment classez-vous les musiques ?» 
- «Si je devais le faire, je le ferais en fonction des instruments, la musique jouée avec des instruments classiques et la musique électrique. Moi, je fais des deux. Pour les "Victoires de la musique classique", je vais chanter une chanson, Excalibur, que je chante en version symphonique alors qu’elle est en version rock dans mon nouvel album, Albion

- «La musique de variété est-elle aussi créative que la classique ?» 
- «La chanson n’est pas vraiment créative parce qu’on a peur. Les maisons de disques ne vont pas à l’aventure. En fait on essaye de composer pour demain ce qui s’est vendu la veille. Cela dit, quand Mozart composait ses arias ou Schubert ses leader, ils faisaient de la chanson accompagnée au piano. C’est la même chose que nos chanteurs actuels.»

- «Alors, quels sont les "Mozart" des années 90 ?» 
- «On ne peut pas vraiment le savoir, car avant, la musique était plus fouillée. Cela dit, les Beatles ont fait des chansons fantastiques : Julien Clerc et Michel Jonasz font de très belles mélodies. Ce qui est sûr, c’est que le Mozart des années 90 n’est pas Jean-Michel Jarre.»

- «Votre musique, qu’elle soit classique ou non, plaît ?» 
- «Ce qui compte pour moi, c’est que les gens sifflent mes chansons dans la rue. Si ça ne marchait pas, j’imiterais les autres, pour bouffer. Je crois qu’un compositeur doit être utile à la musique. Si un cuisinier fait du concombre au chocolat et qu’il n’a pas de client, il va arrêter. C’est la même chose pour la musique.»

- «Que conseillez-vous à un jeune qui voudrait s’initier à la musique classique ?» 
- «Je lui conseillerais d’acheter la vidéo de Disney, Fantasia. Puis Shéhérazade de Rimski Korsakov, Water music de Haendel (On peut faire son ménage en même temps !) et les valses de Schubert.»