Son nouveau disque, Albion, est un bâton de dynamite. Sheller l’a enregistré « live » avec un groupe anglais et nous transporte dans les années 70. L’album va dérouter ses fans.
« What is this ? » (« Qu’est-ce que c’est que ça ? »). Ça, c’est Albion, le nouveau disque, made in England, de William Sheller. Ce n’est pas possible, ce n’est pas lui. Des guitares agressives, une basse lourde, une batterie qui claque et des synthés surdimensionnés. On est projeté dans les seventies avec des effluves de Yes, des relants du Floyd, et un soupçon de Hendrix. Arrive la voix, c’est bien lui. Il a osé. Il avait promis un disque de rock. Quelle claque. Pourtant il joue les modestes : « J’ai été faire du tourisme dans le monde du rock ». Mais quand il voyage, c’est en première.
Six mois dans une ferme studio outre-Manche ont transformé le délicat compositeur de concerto en rockeur agressif. Avec trois Anglais, il a formé son groupe (le premier depuis les Irrésistibles en 1968). « Ce ne sont pas des musiciens de studio, ils viennent de la scène ». Steve Boltz, le guitariste, a doublé Pete Thowsend lors de la dernière tournée des Who et composé une chanson (I spy) pour Albion. Le bassiste, Gary Gibbs, est un ancien des Vibrators, ex-groupe punk dont Sheller était fan. Quant au batteur, David Ruffy, il a sévi sur toutes les scènes du monde. « En septembre, on va faire une tournée tous les quatre, je ne sais même pas s’il y aura un piano sur scène ». C’est après le succès de En solitaire (500 000 exemplaires), réalisé en deux heures de studio, que le chanteur s’est essayé au rock. Quelques mois d’essais infructueux en France, pour des chansons qu’il jette. « Trop pop, pas assez rock ». Il repart à zéro, traverse la Manche et rencontre le producteur Mark Wallis (The LA’s, The silencers mais aussi FFF). Ils tombent d’accord. Albion sera enregistré comme à la « belle époque », en son analogique : « Une bonne vieille bande magnétique qu’on coupe à la lame de rasoir, on scotche, c’est joué live, on fait 4 prises et on choisit la meilleure ». A la sortie, huit morceaux, la chanson du guitariste et la reprise post baba électrique d’Excalibur sortie en 1989 dont le titre évoquait déjà l’univers dévastateur d’Albion.
Quand il jouait du classique, Sheller se grimait en rocker (perruque et blouson) pour échapper à ses fans. Pour faire du rock, nul besoin d’artifices : lunettes et cheveux courts, Sheller se déguise en Sheller.
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William Sheller, Albion. Philips/Phonogram