Cette rubrique signale rarement la publication d'enregistrements publics, succédanés pour ceux qui n'étaient pas aux concerts, cartes postales souvenirs pour les autres. Seuls, les "live" qui comportent des titres inédits ou restituent, réinventent la magie d'un spectacle, par définition éphémère.
Sheller en solitaire réunit ces deux atouts. L'album est né d'un concert à l'Olympia le 3 décembre dernier, où Sheller se produisait seul au piano, comme il le fait parfois. La première fois, parce que ses musiciens avaient été retenus par des formalités douanières, les autres à cause du plaisir éprouvé et partagé.
L'enregistrement n'a pas eu lieu ce soir-là, mais plusieurs mois plus tard, au studio Davout et en public. Aux manettes, Mick Lanaro a su saisir et restituer un autre moment de grâce, le silence captivé des spectateurs, l'architecture sûre des mélodies que met en valeur le piano-solo, le souffle des mots d'où naissent les rêves.
Symphoman et sa longue, superbe intro, Genève, Les mots qui viennent tout bas, Fier et fou de vous, Nicolas, Oh! J'cours tout seul, Chanson lente, Petit comme un caillou... En tout, quatorze chansons connues. Et une belle inconnue, Un homme heureux, que l'on aime déjà.
A savourer sans modération, en attendant l'album d'inédits que Sheller sortira à la fin de l'été.