Concert unique pour chanteur unique :
l’Olympia accueille ce soir Sheller en solo.
L’histoire a commencé à la frontière franco-belge.
Il y a six mois à peine, William, roi d’un tube quand il « courait tout seul », après le « ketchup dans son hamburger », abordait le Palais des Congrès en digne prix de Rome entouré de soixante-dix musiciens de l’Opéra, dont le chef de pupitre, avec certes quelques chansonnettes, mais surtout un concerto pour violoncelle et orchestre.
Le petit blond aux méduses (ces sandales en plastique utilisées par les pêcheurs de crevettes) savait parfaitement où il mettait les pieds. Ex-fan des Beatles, il avait toujours affirmé que Mozart aurait pu être disc-jockey et, depuis son premier tube dans le show-biz (My year is a day), pour les Irrésistibles, il dénonçait le mépris avec lequel se toisaient rock et classique.
« Je veux enfoncer le clou symphonique sans renoncer aux couplets-refrains qui démangent mon carnet à spirale », déclarait-il devant une tonne de partitions noircies à grand renfort de tabac blond, de café et de Coca-Cola, et répondant ainsi du tac au tac aux tics médiatiques : « On me demande souvent si ma démarche n’est pas un peu prétentieuse, alors que ma seule prétention est d’oser chanter. Moi, dont la voix doit se livrer à mille acrobaties pour suivre les facéties de mon stylo. »
Il avouait toutefois son amour du danger et son goût du risque, vérifiable, dès ce soir à l’Olympia, à l’occasion d’un surprenant concert unique où, façon Manset, il voyagera en solitaire. Une sorte de friandise de fin d‘année enrobée dans une histoire belge. « Tout a commencé à la frontière où un soir, pour un rocambolesque problème de papiers, mes musiciens sont restés bloqués. Impossible de faire entendre raison aux douaniers. Alors, je me suis présenté seul en scène. D’abord, j’ai hurlé et matraqué le piano pour assouvir ma rage et compenser le vide. Puis j’ai découvert le bonheur d’accepter les silences et d’écouter le public. Ce n’était plus un show un peu lointain mais une veillée entre amis, plus un récital, mais un régal d’intimité. Puis j’ai décidé de continuer !»
Formule insolite donc, mais formule idéale pour un homme qui, à l’instar de Tintin, son sosie, possède autant le sens de l’aventure que de la formule : « Avec une formation aussi passe-partout, on ne m’enverra jamais promener. »
Un propos qui, au vu d’une cote d’amour amplement justifiée, ne relève certes pas des Rêveries du promeneur solitaire.
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Olympia, lundi 3 décembre à 20 h.