Depuis le début du siècle, la chanson française est servie par des auteurs compositeurs, personnages fantasques qui travaillent volontiers le pastel, avec nonchalance et humour. Ce vagabondage élégant, parfois mystérieux, fut celui de Jean Tranchant (Les prénoms effacés) dans les années 30, de Pierre Dudan (Mélancolie) juste après la Libération, et de Philippe Châtel (J’t’aime bien Lili, J’suis resté dans mon lundi) à la fin des années 70. Ils ont chacun à leur tour escaladé le hit-parade sans effort excessif, et son redescendus sans trop se soucier du show-biz.
Né d’un père américain contrebassiste et d’une mère française passionnée de jazz, Sheller a composé son premier succès en 1968 (My year is a day) pour un groupe américain (Les Irrésistibles) installé à Paris. Son premier album solo paraît en 1975. William Sheller a déjà 25 ans. Comme un perpétuel mutant de la chanson française, il cultive l’éclectisme, mêle Mozart et le soda, le souvenir d’une valse de Schubert à celui d’une partie de basket, cite Haydn, inclut dans ses albums des pièces musicales écrites pour des quatuors à cordes. Par chance, depuis trois années, Sheller partage avec un public conséquent (un de ses derniers albums s’est vendu à plus de cent mille exemplaires) ce goût du classique mêlé à un esprit rock. Au point d’avoir trouvé au sein de sa maison de disque (Phonogram) une certaine autonomie.
Aujourd’hui, William Sheller se présente au Palais des Congrès entouré d’un orchestre symphonique de soixante-cinq musiciens, la plupart âgés de moins de trente ans et recrutés dans différentes formations. L’allure dégingandée, le crâne rasé, une blouse noire tombant sur les genoux et des chaussures à grosse semelle, Sheller chante (Nicolas, Simplement, Le Nouveau Monde) avec la chaleur amicale d’un conteur.
Et, entre deux romances, laisse l’orchestre interpréter son concerto pour violoncelle.
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Palais des Congrès. 21 heures.
