Télé Star N°698
17 au 23 février 1990
-article avant un passage dans l'émission "Champs-Elysées" sur Antenne2 le 17 février 1990-

WILLIAM SHELLER
Un dandy de grands chemins
(par Bernard Lopez)


Si seulement le chanteur William Sheller pouvait ne plus chanter, le compositeur William Sheller serait le plus heureux des hommes. Au creux de son album Ailleurs, sorti en novembre dernier, sa voix est rare et fait la part belle à une vaste symphonie qui trouve ses sources chez Stravinky, Bartok et dans son propre univers baroque. Le temps de la chanson badine, style Rock’n’dollars ou « Donnez-moi, s’il vous plaît, du ketchup pour mon hamburger » est bien révolu. William Sheller se situe ailleurs, loin de la variété et plus proche de ses rêves d’enfants nourris par un père contrebasssiste, une mère passionnée de jazz et un grand-père décorateur à l’Opéra de Paris. Au Conservatoire, il suit des études classiques, jusqu’à ce que le vent de Mai 68 renverse son enseignement théorique sur la musique dodécaphonique. « Ce n’était pas mon truc, je n’y étais pas heureux, alors j’ai voulu faire de la musique tonale, avec des harmonies, de l’émotion, avec des choses à donner, des images et tout. J’ai lâché les professeurs, abandonné la course au Prix de Rome et fait mon entrée dans la variété. »  
Vingt-deux ans plus tard, William Sheller totalise une dizaine d’albums concoctés sans se presser. Tintin au pays des « variet’s », les exigences mercantiles et anti-artistiques du métier l’ont fait souffrir. En 1990, il fait enfin ce qui lui plaît. Il commence par se raser les cheveux. Au tour de sa maison de disques de s’en faire… Ses nombreuses plages symphoniques rendent peu crédibles l’album auprès des jeunes et ne cherchez pas un titre de lui sur les radios FM ! Peine perdue…

Un opéra d’après Macbeth
Si seulement William Sheller, le vendeur de disques (un platine pour Univers, son précédent album) pouvait se passer de réaliser ces galettes de vinyle, il connaîtrait la béatitude éternelle. Non pas qu’il aimerait vivre loin de la musique, mais parce que disque ne rime pas avec musique. Le sel de sa passion, c’est la scène, en être le grand orchestrateur. Il prépare son spectacle au Palais des Congrès du 3 au 8 mai comme un grand couturier. Dandy des grands chemins, William Sheller n’a pas fini de détonner.
Avec l’auteur de bandes dessinées Philippe Druillet, il a plusieurs projets, dont un opéra d’après Macbeth, le chef-d’œuvre de Shakespeare (l’autre William). Diane Dufresne en Lady M, sera « baroqueuse en diable » et Jean Guidoni aura l’occasion d’exprimer toute la théâtralité de son tempérament. Puis, toujours avec Druillet, pour la réalisation, il tournera un clip sur Excalibur, l’une de ses chansons : « Le quotidien ne me touche pas, dit Sheller. J’ai besoin de rêve, d’onirisme : les films qui m’intéressent, ce sont La Guerre des étoiles et Le nom de la Rose. »
Sheller ? Ecoutez voir !