France Soir N°13460
20 novembre 1987
-Spectacle au Grand Rex, 18 au 24 novembre 1987-

William Sheller
Tintin Ketchup

(par Monique Prévôt)

 

9/10
Non seulement William Sheller a du talent, mais il a du génie. Au Grand Rex, où il fait fi, dans un décor joyeusement baroque, du traditionnel arsenal d’amplis, basses et percussions, il mêle plus que jamais, dans son dosage miracle et follement beau, rock, pop et harmonie classique.
Assis à son piano, ou carrément sur une grosse poubelle rouge, au centre d’un gazon de plastique, accompagné le plus souvent de huit violons qui semblent jouer à cache-cache dans une plantation de colonnes doriques et de fleurs artificielles, ce Tintin Ketchup nous distille entre deux traits d’humour un doigt de Debussy par-ci et une pincée de Purcell par-là, ses petits bouts de cauchemars et ses rêves psychédéliques.
Un univers qui ressemble à cette ville de BD derrière lui, pimpante d’un côté et décadente de l’autre. Sorte de monstre griffu embourbé là comme le mauvais génie. Mais ce qui nous enchante, c’est qu’au-dessus de tout ça, « il y a des idées bleues à faire tourner des planètes ». Et Sheller, à travers ses chansons d’amour et de peine, sait comme personne nous faire voir le soleil.