Le Quotidien de Paris N°1495
13 septembre 1984
-Série de concerts à l'Olympia, 11 au 16 septembre 1984-

William Sheller à l’Olympia : un art subtil
(par Aurélien Ferenczi)

 


Sheller derrière son piano, accompagné d’un quatuor à cordes. Finies les variétés internationales, finis les instruments électriques : Sheller donne libre cours à son penchant pour une certaine forme de classicisme musical. Les chansons sont toujours les mêmes, toujours aussi belles et envoûtantes, mais arrangées pour piano et cordes. Cette nouvelle formule convient assez bien au talent de Sheller : elle permet de retrouver ce lyrisme un peu fragile, ce romantisme discret cher au compositeur. Et de mettre en valeur les réelles qualités mélodiques du chanteur.
L’art de Sheller est subtil, ténu. Fait d’une sorte de mélancolie douce, de désespoir poli : chansons d’amour ou de rupture, imagées et poétiques. La première partie du spectacle nous offre quelques grands moments d’émotion : Le Capitaine, chanson orientalisante, Simplement. Malheureusement, comme si Sheller n’avait pas eu une entière confiance dans le dépouillement et la sobriété de son tour de chant inhabituel, il a cru bon de ménager dans la deuxième partie des intermèdes comiques. Par instants, la magie se brise. Et on regrette parfois de ne pas rester sur les compositions tendres et attachantes de Sheller.
Pour quelques titres magiques, J’suis pas bien, Les Orgueilleuses, son spectacle vaut le déplacement. On aurait tout de même préféré plus de concision, et souvent moins de facilité. Car Sheller pouvait atteindre une forme de perfection.