L’Olympia, c’est reparti. Avec William Sheller en ouverture de saison dans un décor « entre guignol et opéra », selon sa définition. Sur la scène, rien qu’un piano et un orchestre de quatuor à cordes. L’auguste salle va devenir, le temps d’une petite semaine, un haut lieu de la musique ! »
« J’ai voulu prendre le contre-pied des conventions, explique Sheller, la mine réjouie. Les batteries, les amplis, les synthétiseurs, ça a un côté cache-misère qui commence à me fatiguer. Mais pour cela j’ai du réécrire toutes mes chansons. »
Depuis Rock'n'dollars, en 1975, ce chanteur aux allures de Tintin a imposé un style impossible à ne pas reconnaître et s’est placé dans le haut de gamme de la chanson française. Détourné du contrepoint et de la fugue à quinze ans par un coup de foudre pour les Beatles, il a réussi peu à peu à intégrer ses premières amours dans les secondes, ce qui donne aujourd’hui une étonnante jonction pop et classique qui fait mouche à tout coup et conquiert les plus sectaires.
« Au dernier Festival de Bourges, je passais juste derrière un groupe rock. L’espace d’un morceau, le public est resté de marbre. Je sentais que ça lui faisait tout drôle, et puis après ça a été l’explosion ! »
Pas de doute là-dessus : lorsque sa grand-mère, voyante, lui prédisait un brillant avenir et assurait qu’on parlerait de lui dans les journaux, elle était éclairée. De cette prédiction, d’ailleurs, William Sheller garde un souvenir ému et une foi inébranlable en son étoile. « A chaque évènement important, je consulte les astres. »
Un coup d’œil rapide à sa montre, un sourire d’excuse : « Mon Dieu, je vais être en retard chez Françoise Hardy qui doit justement me faire mon thème astral. Je suis cancer, ascendant balance, avec des planètes en scorpion… Tout un programme ! Mais je savais que 1984 serait pour moi une très bonne année. »