Suite à l’initiative de la Mairie de Paris de mettre enfin la chanson « sur les ondes » (ils étaient une cinquantaine d’artistes sur Seine, du côté de Bir-Hakeim à se produire sur une péniche !), je suis arrivé très en retard à la première représentation du spectacle de William Sheller. La première partie ayant dû, elle aussi, attendre la fin des embouteillages, je n’en ai malheureusement pas perdu une miette.
Trois fois déçu en effet. Par un prestidigitateur aussi peu habile à rater ses tours qu’à réussir ses plaisanteries. Par Marie Léonor dont la présence et l’allure « cuir charmeur » m’ont paru, trac aidant, plus gauche qu’à droite. Par les Démones Loulous, trois copines aux six yeux astucieux, à la taille canaille et aux accents 1900 qui n’ont pas compris qu’inconnu, le plus grand des talents n’a d’impact qu’à petite dose.
Déception pourtant provisoire, car Sheller les compensa largement par une prestation exceptionnelle. Entre Popeye et Bibi Fricotin, la mèche rebelle à la Tintin mais le museau frémissant à la Milou, notre homme, sans bruit mais sans silence, présente à l’Olympia un spectacle aussi « noble et sentimental » qu’un de ses titres les plus connus. Un spectacle superbe, à la fois tendre et musclé, précis et généreux, subtil et lumineux comme les éclairages qui le colorent.
Nous savions que Sheller était un grand interprète doué et inspiré. Il a dorénavant prouvé qu’il n’avait rien à envier aux géants qui savent prendre une heure de piano au bout des doigts et en faire un moment de scène parfait. Un moment de plaisir inégalable.
* Olympia.