Autant vous signaler tout de suite que si vous êtes restés à l'équation William Sheller Rock'n dollar, vous vous situez complètement en dehors de vos pompes. Ce tube qui avait fait découvrir en Sheller un petit facétieux sympathique à l'avenir pas très clair paraît bien vieux et lointain quand on connaît les dernières productions de cet artiste.
Il faut bien dire que Sheller se rapproche beaucoup plus de Jonasz que de Hallyday. Avec en moins cette voix du grand Michel, cette voix qui m'agace. Je sais, ce n'est pas bien de critiquer, surtout quand la majorité des gens ne sont pas du même avis. Pour vous faire une idée de J'suis pas bien, il vous suffit donc de vous imaginer un Jonasz des grands jours, plein de sentiments, de finesses et d'énergie.
En plus de tout ça, Sheller me fait plaisir par son esprit essentiellement rock, même si ses chansons ne peuvent en général être classées sous ce genre. En regardant un peu plus près, on s'aperçoit que Sheller s'est probablement retenu en certaines circonstances. Par exemple, le titre Pourquoi t'es plus new wave aurait pu être un rock terrifiant si l'auteur n'avait décidé de ménager ses ardeurs. La voix est douce, la rythmique en deça de son rendement maximum, et même la basse pincée ne donne pas l'impression de vous agresser. Ça bouge sans jamais faire mal, ce qui est une philosophie qui se perd de nos jours.
A mon avis, que ce soit du point de vue mélodique, poétique ou orchestral, William Sheller est le plus grand musicien francophone depuis les années glorieuses de Michel Polnareff. Et ça, c'est un compliment que je n'adresserai pas souvent à qui que ce soit.
Débrouillez-vous pour écouter J'suis pas bien. Achetez ou volez le disque, mais ne le ratez surtout pas.