Rock & Folk N°161
juin 1980

Rubrique "Et quelques albums de plus"
William Sheller. Nicolas. Phonogram 9101291
(par J-P)



William Sheller a un nom entre deux frontières, pas tout à fait anglo-saxon et pas vraiment français. Un nom qui rime avec son drôle d’air et ses timides manières, avec sa pudeur à se dévoiler, sa poésie à s’exprimer et sa paradoxale envie de se raconter.
C’est comme si on avait rendez-vous avec Charlie Chaplin et qu’arrive Woody Allen. C’est un bonhomme qui se déballonne, un ouistiti qui sourit. Sa musique est son miroir.
Il nous enlève dans une valse de violons ou un instrumental tourbillon. Il jongle aussi bien avec les mots qu’avec les notes. Pourtant, pour tout vous dire, Sheller à ses débuts, je l’aimais bien comme on aime en général la bonne variété française parce que c’est quand même mieux que les autres… etc.
C’est peut-être la bonne raison. Sheller, maintenant je l’aime parce que ses rythmes me poursuivent et que ce dernier disque tient même le coup après usage. Inutile de frimer en le qualifiant de french funky, parce qu’en fait c’est du funk classic.
Quand on a la classe d’illustrer un thriller à la Melville (1), de rivaliser (voir de surpasser), avec un Billy Joël on ne se laisse plus critiquer : on se laisse écouter.  

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Note du site :  
(1) Il fait référence, semble-t-il au film « Trop petit mon ami » de Eddy Matalon (1970).