Dans un vieux rock’n’roll il a mis en musique ses plus beaux souvenirs ; ils s’appellent : Genève, Le carnet à spirale, et Joker, poker. Il a aussi commencé à réaliser, avec ce disque, cet amalgame de «pop» et de musique classique dont il rêve depuis des années.
Ce dessein, William Sheller le poursuit et le développe. Son prochain 33 tours (qui sortira en avril), les concerts qu’il donnera en province, début mai, puis à Paris, quelques jours plus tard (probablement au Théâtre de Chaillot) confirmeront cette évolution.
Fils d’un contrebassiste américain (ami de jazzmen célèbres) et petit-fils d’un décorateur de l’Opéra, William Sheller a vécu dès sa plus tendre enfance dans une ambiance musicale. La découverte de la « pop music » après des études de piano très classiques et très poussées l’amena, vers sa vingtième année (en 1966), à chercher et à définir son propre style, hors des chapelles et des groupes à la mode.
« La musique est l’art de décorer le silence des autres, dit William, mais il ne doit pas exister une seule manière de le faire. Un compositeur vraiment contemporain doit tenir compte aussi bien de la "musique de rue" que de celle qu’il apprend dans les livres. Il doit s’intéresser à toutes les cultures, toutes les formes musicales, et surtout ne pas se couper du monde, des gens, en un mot de la vie. »
La rencontre du guitariste Alain Suzan, il y a deux ans, allait permettre au créateur de My year is a day et de Popera cosmic (1) de préciser sa démarche dans une collaboration où chaque artiste apporte le meilleur de sa propre personnalité. Suzan a encore participé à la préparation du prochain 33 tours de Sheller (avec, également, Catherine Lara) (2). Sheller, de son côté, a joué à son tour un rôle non négligeable dans celle du premier 33 tours de Suzan, Un peu de passé dans l’avenir (3), qui est sorti en janvier.
Ce titre pourrait être la devise de William Sheller qui, dans ses concerts de l’année 77, et avec ses nouvelles compositions, marquera sa volonté de revenir à une inspiration plus classique. Pour ces premières apparitions sur scène, il sera accompagné d’un grand orchestre (avec beaucoup de cordes), entouré d’Alain Suzan et de Catherine Lara. Une importante partie chorégraphique a été prévue.
« Ce ne sera pas un tour de chant habituel ; je m’y suis toujours refusé. La tonalité générale sera plus proche de Genève que de Rock'n'dollars. Je ne tiens pas à m’enfermer dans une formule. »
Au-delà des changements, de la diversité de son inspiration, de son penchant à bousculer (avec humour) les routines du spectacle, le principal souci de William est la qualité car, dit-il : « Il est beaucoup plus difficile d’être un musicien accessible qu’un "génie", soi-disant incompris. »
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Notes du site :
(1) William n’a pas composé Popera Cosmic, spectacle de François Wertheimer et Guy Skornik. Mais il en a réalisé tous les arrangements.
(2) Symphoman, dans lequel Alain Suzan a joué de la guitare et Catherine Lara du violon.
(3) Dans Un peu de passé dans l’avenir d’Alain Suzan, William a signé des arrangements de cordes et cuivres, joué du synthétiseur et claviers, participé aux chœurs…