| 
        
          À la  façon qu’il a de nous plaire, tout en retenue, au geste rare mais précieux, on  pourrait dire de lui qu’il incarne l’élégance des grands artistes à qui l’on  doit le respect. C’est dire si le public hutois a été séduit, samedi au centre  culturel. Parce qu’avec William Sheller, une chanson et tout est dit : son  univers calme, posé – presque – sa manière d’être au monde, ce lien unique  qu’il tisse avec les hommes et… son humour tendre qui donne à chaque morceau  annoncé, une légèreté particulière.HUY - Épuré dans sa formule, le concert de William  Sheller a marqué l’homme d’une aura particulière, le rendant précieux et…  nostalgique.
 Déjà connu de la scène hutoise pour l’avoir foulée dans une formule solo, il y  a quelques années déjà, c’est avec le quatuor Stevens, qu’il est apparu,  donnant à la soirée, sa note symphonique tandis que revenaient à l’oreille des  mélodies puisées dans un répertoire riche de trente-sept années de carrière. De  là à s’autoriser un peu de familiarité, il n’y avait qu’un pas, rapidement  franchi… « Bon, je suis déjà venu ici, j’ai revu le grand miroir, le  carrelage cassé… aujourd’hui, je suis accompagné et pourtant, je vais commencer  la soirée comme au temps où j’étais tout seul ».
 Et c’est parti pour un petit coup dans le rétroviseur qui projette d’entrée  de jeu le chanteur fin des années septante avec un Oh, j’cours tout seul à  l’identité musicale bien marquée. Violon, violoncelle et piano donnent ici leur  atmosphère aux chansons qui mêlent rythmes et mélodies à des influences  récoltées tout au long de son parcours.
 Le ton est donné : intime et en même temps amical par les différents  apartés que s’accorde le chanteur. Histoire de donner à chaque titre choisi sa  genèse. Ce qui est notamment flagrant pour Maman est folle, Les  orgueilleuses ou encore, Les filles de l’aurore, écrit à Lyon « là  où le moment n’existe plus, quelque part après minuit…».
 Et on n’est jamais à une surprise près dans ce concert qui, s’il brasse  large dans le temps, n’en oublie pas pour autant des titres plus récents tels  que Loulou, Machines absurdes et Mon hôtel.
 Jamais avare, l’homme s’en va aussi revisiter un grand titre de Barbara, « sans  être encombré d’une grande voix (sic) », pour un hommage gratifiant à cette  grande dame qui a un jour cru en lui « et grâce qui on est là ce soir ».
 Autre hommage, celui rendu au  quatuor à cordes avec deux morceaux instrumentaux Babayaga et Peperland,  sublimes d’intensité. Restera le final, tout en nostalgie, avec Comme dans  un bon vieux rock & roll et le Carnet à spirales – à ne pas  filmer au risque d’interruption immédiate de la chanson (si, si !) – précédé du  très attendu Un homme heureux et… tout en retenue.
  |