Chanteur, auteur, compositeur, pianiste et arrangeur, William Sheller - qui sera le 23 mars à Plougastel - est un musicien rare, à l'inspiration féconde et audacieuse. A 66 ans, cet artiste élégant continue à courir tout seul sur une partition musicale qui n'appartient qu'à lui, pavée de chansons, de pop et de symphonisme. Et surtout de liberté.
TB : - « Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous vous êtes fait bien discret, William Sheller, ces dernières années... »
WS : - « Je continue mon petit chemin tranquille. Je ne m'occupe ni de la mode, ni de faire "Age tendre et tête de bois" [rires], ni d'être obsédé de revenir devant les écrans... De toute façon, il n'y a plus grand-chose à regarder, à moins qu'on s'intéresse à la vie du voisin du dessus, vous voyez ce que je veux dire… »
TB : « -Vous débutez une nouvelle tournée où vous serez accompagné par un quatuor à cordes. Qu'aimez-vous particulièrement dans le fait de vous produire sous cette forme ? »
WS : -« Déjà, de ne pas être tout seul... Ces dernières années, j'ai fait plus de 200 concerts, seul au piano, mais là j'avais envie de retrouver des musiciens que je suis allé rechercher en Belgique. Les musiciens belges sont moins casse-pieds [rires] et ils travaillent bien et dur. Sinon, je n'ai pas fait tant que ça de concerts avec un quatuor. Les derniers, ça remonte à 2006, je crois, et il y a pas mal de gens qui ont envie de voir ça, d'après ce que j'entends dire. Voilà la démarche : changer d'air avec quelques amis. »
TB : - « Cette tournée doit être suivie par un nouvel album, en juin avec le même accompagnement... »
WS : - « En juin ? Vous rigolez [rires] ! Ce sont les souhaits de la maison de disques, ça... Moi, c'est autre chose, je ne suis pas là pour établir des calendriers ou des budgets. Mon métier, c'est de créer de la musique. Alors, ça sortira quand je sentirai que ce sera prêt. Pour l'instant, je travaille sur la musique. Tout ça prend du temps. Et il en faut aussi pour vivre un peu, tout simplement. »
TB : - « Vous êtes évidemment surtout connu en tant que chanteur. Mais vous avez aussi composé des œuvres pour quatuor, pour orchestre, des musiques de films, des pubs et des génériques pour la télévision. Quelle est la part de la chanson dans votre vie ? »
WS : - « C'est ce qui m'assure de pouvoir créer comme je veux... C'est plus rapide à faire, ça touche plus de monde, et ça me permet de rentrer des droits d'auteur qui me donnent trois ou quatre mois d'avance, pour écrire un concerto ou une pièce pour orchestre... Il ne faut pas croire qu'il y a des gens qui gagnent des fortunes en écrivant des œuvres pour orchestre. Schubert, à l'époque, écrivait des chansons. On lui achetait ses morceaux et avec ça, il pouvait prendre trois ou quatre semaines pour écrire une œuvre symphonique... Donc, ça donne du temps. Et des sous. Il en faut quand même [rires]... »
TB : - « J'imagine que vous ne seriez guère tenté par un album de duos avec la jeune génération ? »
WS : « Oh...[rires] C'est des trucs de marketing, ça ! Ça n'a rien d'artistique. C'est là pour relancer la musique de notre ami Goldman ou d'autres... Mais tout le monde a besoin d'argent [rires]... »
TB : -« À quand un retour de William Sheller aux Vieilles Charrues ? »
WS : « Quand on me le demandera [rires] !... Je ne vais pas leur envoyer une demande. En général, les festivals, comme les Vieilles Charrues, attendent d'avoir un nouvel album. J'ai envie de choses inhabituelles. Par exemple, je suis allé en Chine, au Brésil... J'ai des projets à New York... Se mesurer avec des oreilles qui ne vous ont jamais entendu, ça m'intéresse ! Ceci dit, je me souviens qu'on était venu aux Charrues avec un orchestre complet. C'était assez événementiel. Venir seul au piano, je ne sais pas trop, mais avec un quatuor, pourquoi pas ? En tout cas, j'ai gardé un bon souvenir de ce festival, en 2000. Alors, c'est quand ils veulent... »
-----
Samedi 23 mars, à 20 h 30, à l'Espace Avel-Vor, à Plougastel-Daoulas (29).