France Dimanche N°3446
14 au 20 septembre 2012

Joe Dassin
Les révélations de son ami William Sheller
(par Didier Balbec )


En plein cœur des années 70, le chanteur change du tout au tout son mode vie.

Il y avait le jour et il y avait la nuit. Le visage de lumière et la face d’ombre. La part de lumière, chez Joe Dassin, c’était cette silhouette élégante, tout de blanc vêtu, le sourire charmeur et la voix de velours. Mais l’ombre existait bel et bien : c’est elle qui a fini par le tuer, le 20 août 1980, à Tahiti.
Cette révélation est faite dans le numéro d’Un jour un destin que France2 consacrera ce mercredi 19 septembre à l’immortel interprète de L’Eté indien.
 Celui qui, dans ce documentaire, brise la loi du silence fut l’un des proches amis de Joe durant les années de gloire : le compositeur et chanteur William Sheller. Ce qu’il dit laisse soudain entrevoir une image de Dassin peu conforme à celle que ses nombreux fans conservent de lui, plus de trente ans après sa mort.
Sheller, évoquant sa rencontre avec Joe, puis le mariage de celui-ci avec Christine, la mère de ses deux fils, Jonathan et Julien, parle d’une dramatique rupture dans la vie de la star : « Avec elle, il change du tout au tout. Il sort, boit plus et commence à prendre de la cocaïne…»
Car Christine, sa seconde épouse, est très différente de la première, Maryse, qui a toujours « couvé » son Joe presque comme une mère. Christine, elle, est jeune et aime la fête. Tout à ce nouvel amour et désireux de profiter de la vie après des années de travail acharné, Joe découvre le monde de la nuit, avec ses plaisirs…mais aussi ses dangers.
D’un naturel sombre et angoissé, malgré l’image qu’il donne à son public, le chanteur va trouver dans l’alcool et la drogue la force de combattre ses démons intimes. Du moins le croit-il. Car en réalité, ce sont eux qui vont le vaincre. La star se met à boire de plus en plus. Un soir de 1978, lors d’un concert à Nantes, il est tellement saoul qu’il bredouille les paroles de ses chansons plus qu’il ne les chante : ulcéré, le public le sifflet et le hue, jusqu’à ce que l’idole déchue quitte la scène en titubant.

Torture
Désormais, monter sur scène lui sera une torture de chaque soir, une souffrance qu’il noiera dans toujours plus d’alcool… C’est ce qu’explique William Sheller dans le documentaire de France2. Et ce qu’il dit de son ami explique mieux, après coup, pourquoi le cœur de Joe Dassin a finalement lâché, à 41 ans…

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* Article paru avant l’émission « Un jour, un destin » diffusée sur France2 le mercredi 19 septembre 2012 à 22 h 20.