L'Est républicain N°40412
(éd. de Nancy)
30 novembre 2011
-concert piano-solo du 29-11-2011 à la salle Poirel de Nancy-

Récital/Plus qu'un concert, un récital simple et profond
Sheller intact, vingt ans après
(par Christophe Dollet)

 

Profond comme le noir de son piano, généreux comme la vibration d’une corde dans les graves, William Sheller a offert hier un très beau moment à Poirel, plein comme un œuf. Et pourtant, on se serait presque cru dans son salon. « Je sais que certains sont un peu irrités par les commentaires entre les chansons » a-t-il prévenu. Il ne s’en est pas privé : ce sont eux qui rapprochent l’artiste seul sous le halo du projecteur derrière son grand piano noir, des spectateurs, eux aussi envahis par moments par le sentiment d’être seuls, en tête à tête avec l’artiste.
A 65 ans, l’ex-Tintin du rock, si mal nommé, a offert un vrai récital. Un remake parfait, intact, 20 ans après la sortie de son album-culte Sheller en solitaire. La tournée était alors passée par Poirel, certains s’en souvenaient hier soir quand le chanteur a évoqué ses quatre précédents passages à Nancy : avec son quatuor à cordes, seul, et avec un groupe de vingt musiciens.
Artiste rare, il l’est surtout par la qualité de ses mélodies. Sheller est d’évidence un compositeur, et un pianiste hors pair. L’instrumental en ouverture de la deuxième partie l’attestait, pour ceux qui se seraient jusque-là laissés bercer par la nostalgie de Nicolas, J’cours tout seul, Simplement, des Filles de l’aurore, ou des très poétiques Miroirs dans la boue sans goûter l’intensité et la précision du jeu du pianiste.
Vingt ans plus tard, la voix est également inchangée, chaleureuse plus que chaude. On lui pardonne même le petit dérapage sur l’un des premiers accords de Vienne de Barbara, superbement réinterprétée.

L'Est républicain N°40413
(éd. de Nancy)
1er décembre 2011

BILLET
Décryptage
(par Christophe Dollet)


Attentifs et exigeants, nos lecteurs et lectrices le sont avec raison. Ainsi hier, l’une d’elles nous a suspectés d’avoir « bidonné » la photo accompagnant le compte rendu de concert de William Sheller. Elle disposait d’un argument imparable : sur la photo (reproduite ici) le chanteur portait une chemise blanche, alors que mardi soir, Poirel rempli à craquer l’a vu en chemise noire.
Il est vrai que nous aurions du préciser que le cliché avait été pris à 17 h, lors de la balance : William Sheller souhaitant installer un climat particulier lors de son récital ne souhaitait pas que les photographes interviennent comme c’est de tradition désormais durant les trois premières chansons.
Contrairement aux chemises, les choses ne sont heureusement jamais noires ou blanches. La photo a bien été prise mardi à Nancy, sur la même scène et devant le même piano que le concert du soir.
Concert qui s’est d’ailleurs terminé en photos, puisque le chanteur au dernier rappel est revenu avec un appareil, et a flashé la salle méthodiquement. Souvenirs en couleurs d’un spectacle très noir et blanc.