Courrier de l'Ouest N°20229
(éd.d'Angers)
11 avril 2011
-concert piano-solo au Centre des Congrès d'Angers, 9 avril 2011-

Angers-ville
William Sheller, conteur bienheureux
(par Lélian)

 

Il se souvient être venu en terres angevines il y a quelques années, entouré d'une foule de musiciens. Samedi soir, dans l'auditorium du Centre de congrès, c'est avec son plus fidèle complice - son piano - que William Sheller a conté fleurette et offert bouquets de mots à ses fans (nombreux).

Un halo de lumière enveloppe sieur William, et ce seront les seuls éclairages acceptés par l'artiste: « Tout à l'heure, vous pourrez photographier tant qu'il vous plaira. Mais si l'on pouvait éviter la séquence sapins de Noël tout de suite, ce serait mieux ! » Respectueux, les énervés du flash cessent leurs mitraillages et le show feutré Sheller peut commencer.

Assister à un concert Sheller, c'est être invité à une jolie et émouvante causerie. Chaque morceau est précédé d'une histoire, chaque histoire de sa vie est prétexte à chanson. La voisine du 6e étage rencontrée un mois d'août de solitude, cette odeur de poireaux et c'est une Yvonne proustienne qui surgit; le constat que dans une bande de potes, il y en a toujours un pour soûler les autres; l'exil douloureux d'un petit garçon esseulé en campagne qui aimerait rentrer chez lui.

L'univers Sheller est là : une nostalgie douce-amère, le léger parfum de roses fanées que l'on a offert à sa belle, ou que l'on aurait aimé lui offrir, ou qu'elle vous a jeté au visage. Frère William nous conte ces instantanés d'éternité avec la voix de la complicité et l'art de la simplicité. Qu'il se trompe six fois de suite sur « Vienne » (l'ombre de son amie Barbara, qui l'incita à pousser de la voix, n'était pas étrangère à ces faux pas) ou que ses cordes vocales déraillent (oui, Sheller chante parfois faux!), on lui pardonne tout. « L'Age du vagabondage » qu'il décline nous sied bien. Dans son « Cahier à spirales », Sheller « L'Homme heureux » a dessiné des machines à mots non absurdes, et c'est comme un bon vieux rock’n’roll... intemporel !