Le Maine libre N°695
(éd. du Mans)
27 mars 2011
- concert piano-solo du 25 mars 2011 au Palais des Congrès du Mans -

William Sheller, le mélancolique amusant
(par Frédérique Bréhaut )


Qu'il vienne entouré d'un grand orchestre, escorté d'un quatuor ou simplement comme vendredi soir en solitaire penché sur son piano, William Sheller reste égal à lui-même. Le mélodiste accompli à l'humour irrésistible a conquis dès les premiers arpèges un Palais des congrès quasi complet.
Sous ses airs de pasteur helvétique, l'auteur des Orgueilleuses manie l'autodérision légère et la confidence retenue. Si le temps où il traversait soudain la scène sur une trottinette est révolu, son art de la pirouette accroche des sourires à un répertoire aux tendances mélancoliques. « Des amis m'ont fait remarquer qu'il pleuvait souvent dans mes chansons...» Vendredi soir, c'était l'inverse. Des chansons comme s'il en pleuvait pendant deux heures trente devant une salle qui en redemandait encore. Au fil de ses textes ciselés, William Sheller a partagé des histoires de Bretonne qui s'appelle Maryvonne, de rousse aux yeux verts, d'écuyère ou de capitaine ayant perdu la raison. On a retrouvé les Nicolas, Félix, Léopold dont la maman est folle et même un homme heureux.
Chez cet orfèvre dont la valeur musicale ne cède pas un pouce à l'exigence des textes, la pluie (tiens, la voilà) dessine des miroirs dans la boue et la nuit venue, la ville avale ses voitures comme un long ruban d'étincelles.
Puisées à un imaginaire de trente et quelques années, les chansons de William Sheller renvoient vers des vibrations intimes et secrètes. A chacun alors de se reconnaître dans sa Chanson d'automne : « C'est une chanson que j't'donne/Comme un gilet qu'on boutonne/Pour se réchauffer la vie ».