La Presse de la Manche
10 octobre 2009
- concert piano-solo du 8 octobre 2009 au Trident de Cherbourg -

Au coin du piano avec William Sheller



Quand il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, on aime à venir s’asseoir au coin du feu, le temps de se raconter quoi ? Une heure, une journée, une vie… Jeudi soir, le public du théâtre à l’italienne a eu cette envie et cette chance. Au coin du piano, mieux que devant la cheminée, il est venu à la rencontre d’un artiste, comme on vient au-devant d’un vieil ami. William Sheller, dans la lumière des projecteurs, aurait pu être assis au beau milieu des spectateurs, tant il a su, avec quelques notes à peine, imprégner la salle d’une ambiance presque intime. Plus de 650 personnes ont assisté au concert. Pourtant, dans le petit théâtre archi-comble, on a acouté un William Sheller se raconter, presque à l’oreille de chacun. « J’aime ces petits théâtres où l’on se sent un peu comme à la maison », confie l’artiste en enfilant quelques notes, presque inconsciemment.
De chansons en récits, le dialogue de cet « homme heureux » avec son piano a glissé quelques rayons de soleil à travers les gouttes. C’est la marque William Sheller : savoir raconter la vie d’une chanson, plus que la vie d’un homme. Il lui suffit d’une mesure à peine pour mettre en scène la naissance de l’inspiration, des mots et mélodies. « Dans la tête du musicien, les notes s’associent à des couleurs. le sol est vert, le do est transparent, le mi est complètement blanc », raconte encore l’artiste en exécutant ces sons/couleurs au clavier.  

Entre rire et émotion

De tons en tonalité, il dessine ainsi des paysages qu’il voit un peu « irisés » , il y installe un rêve et l’oublie là, c’est ainsi que naît sous sa plume et sur son piano l’inoubliable Symphoman. De la poésie, William Sheller passe aux anecdotes autobiographiques. Nicolas, celui qui « n’veut pas qu’on veut qu’on l’embête », s’est presque échappé de chez la voisine bretonne, Yvonne, dont l’artiste garde en souvenir l’amertume d’une infâme soupe aux poireaux et l’inquiétude d’un humour un rien glacial… De quoi briser la glace, quoi qu’il en soit, avec un public déjà entièrement acquis à sa cause. Et parce que même en vacances, l’inspiration ne sait pas se taire, c’est à la rencontre avec une voix d’enfant, serinant à qui veut bien l’entendre que « Maman est folle » que l’on doit aujourd’hui ce même titre.
Entre rire et émotion, la soirée s’est enfuie sans que personne n’y prenne garde. L’entracte avalé, tous sont venus reprendre leur place dans le théâtre, William Sheller avait encore promis des histoires…
Fan d’un jour ou de toujours, les impressions sont celles des fidèles, amateurs d’une voix, sensibles au texte, aux rythmes un peu jazz… « Ce soir, nous entendons tous les textes de William Sheller, ce que je connais, ceux que je découvre, le spectacle est de très grande qualité », s’enthousiasme une spectatrice. « Je n’avais jamais eu la chance de voir William Sheller sur scène, la rencontre est à la hauteur de mes espérances. », témoigne une autre, visiblement réjouie d’avoir pu obtenir une place au dernier moment. William Sheller n’était pas venu à Cherbourg depuis de longues années, il est vrai. « Vous n’étiez pas nés alors », plaisante-t-il en rentrant sur scène, au souvenir de sa venue dans les années quatre-vingt.