Le Soir N°73
(édition de Bruxelles)
27 mars 2009
-Série de 3 concerts piano-solo au Théâtre 140 de Bruxelles, 26 au 28 mars 2009-

William Sheller,trois fois 140
(par Thierry Coljon)



William Sheller s’est installé pour trois soirs, de jeudi  à samedi, sur la scène du Théâtre 140, seul avec son piano. Pour le plaisir…


On est retourné vingt-cinq ans (et plus) en arrière, jeudi soir quand on s’est retrouvé dans ce Théâtre 140 habité par tant d’anges et d’ombres, en compagnie de William Sheller et de son piano. C’est en 1981, alors en pleine gloire du chanteur à succès que William, se voit contraint de chanter seul devant le public, les instruments de son groupe étant restés bloqués à la frontière. L’expérience lui plaît tant (ainsi qu’au public) qu’il remet ça, officiellement cette fois, en janvier 1983, au Théâtre 140, avant d’y revenir du 2 au 5 février 1984, avec le quatuor Half and Half. Comme le dit Jo Dekmine dans sa traditionnelle annonce d’avant-spectacle, William est un sociétaire du 140.
Est-ce en raison de ce poids du passé et de l’émotion forte qui l’étreint que William, jeudi, s’est d’abord montré fébrile au piano. Autant il est à l’aise pour parler avec son public, dans ce qu’il aborde davantage comme une soirée entre amis qu’un concert, autant « ses doigts pédalent dans la choucroute », comme il dit. « Le vrai métier a commencé ici », avoue-t-il d’emblée, avant de remonter le temps entre mélodies éternelles et petites surprises comme ce La maison de Mara de 1975.
William est ému et petit à petit la nervosité va céder le pas devant le plaisir et la complicité. Le public rit souvent des présentations franches, des petites histoires de chansons, de ses plantages, de ses aveux. Il l’aide aussi à retrouver des paroles oubliées (« Heureusement que vous êtes là », glisse, amusé, William). Le public est lui aussi forcément ému face à ces chansons déshabillées, belles comme les filles de l’aurore au bord d’une falaise battue par le vent de Bretagne. William nous fait voyager, de Genève à Vienne (par l’amie Barbara clôturant de fort belle façon le set).
Nous fait rêver aussi, en nous invitant dans son processus très onirique de création. William n’est pas là pour vendre son disque (d’Avatars, il ne sort que Félix et moi dans une version hésitante, qu’il n’avait jamais jouée au piano) mais juste pour retrouver le temps perdu, renouer avec un souvenir et, sans nostalgie particulière, partager un moment rare, la vraie raison pour laquelle on fait ce « métier ».  
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William Sheller sera encore au Théâtre 140 ces vendredi 27 et samedi 28 mars.

PROGRAMME
Symphoman
Les mots qui viennent tout bas
Nicolas
Les miroirs dans la boue
Mon hôtel
Genève
Basket ball
Maman est folle
Simplement
Les petites filles modèles
Loulou
Les filles de l’aurore
Chamber music
Oh ! J’cours tout seul
Centre ville
Fier et fou de vous
A l’après-minuit
Les machines absurdes
La maison de Mara
Un homme heureux
Félix et moi
Vienne