Il y a ceux qui courent éperdument après le renouvellement et ceux qui tracent, tranquilles, une route rectiligne sans nous perdre en chemin. Sheller est de ceux-là, d'une absolue fidélité à sa musique à la fois pop et symphonique, ses atmosphères en demi-tons, ses textes en suggestions. Dans cette nouvelle collection de douze chansons impeccablement cadrées, où cors et violons se mêlent aux guitares électriques, la voix aiguë, pointue, tendue nous entraîne dans des variations sur la quête du bonheur, les rivalités amoureuses, la fausseté des apparences, les illusions et les désillusions.
Un temps, on chercha le concept censé se loger là-dedans, la clé des Avatars... puis on y finit par y renoncer, vaincue par une écriture absconse. Pour apprécier William Sheller, toujours un peu étrange et étranger au peuple des chanteurs, mieux vaut se laisser porter sans trop de résistance par ses mots et par ses mélodies ondulantes. Et s'il s'en dégage un sentiment prégnant de déjà entendu, le résultat rassure, plus qu'il ne lasse.
