La Dernière heure
28 octobre 2008

Tout ira bien pour William Sheller
(par Patrick Laurent)




À 62 ans, il sort un album rock et classique plutôt optimiste : Avatars


Sa musique fait toujours le grand écart entre le rock électrique et les symphonies classiques. Mais ses textes, eux, sont bien ancrés dans notre société informatisée. À 62 ans, William Sheller revient avec un album à son image, un peu cabot et très profond, Avatars. Lancé par un single rythmé, Tout ira bien.

- « Dans les mondes virtuels de My Space ou de You Tube, les gens s'inventent des personnages. Des avatars. Moi aussi, je voulais raconter des histoires à travers des personnages. Et qu'on arrête de croire que je parle de moi. Dans Tout ira bien, un homme s'est mis un sourire convenu pour que personne ne sache qu'il a quelque chose au fond du cœur. Il s'est fait virer. C'est toujours ambigu. Les gens ne sont jamais nets à 100 %. Derrière le sourire, ils cachent un petit ennui. C'est ça que j'aime exprimer. »

- « Ce n'est pas très virtuel... » 
- « Dans les mondes virtuels, on ne fait que recréer la vie réelle, pas des utopies, des choses différentes. On rachète des terrains, on vend des appartements. Qu'est-ce qui pousse l'être humain à refaire toujours ce qu'il vit dans son quotidien ? C'est bizarre. »

- « Pourquoi apparaître en chien sur la pochette ? »
- « J'aime bien les chiens. Les matous aussi, mais ça fait des griffes sur les canapés. J'avais une chienne scottish (J'aime ces chiens noirs qui ont l'air de vieux colonels) : c'est fidèle. »  

- « Dans Camping, vous vous moquez des "cons qui dansent..." »
- « Il est crétin, celui-là ! Et en utilisant une langue ampoulée ! Cela arrive que, quelques fois, on aille se plonger dans la bêtise des campings avec tous ceux qui ont envie de se plonger dans la bêtise, et ça fait du bien. »

- « Vous semblez malgré tout avoir besoin d'optimisme... »  
- « Les jeunes sont noyés dans le monde actuel, qui n'est pas rigolo. Nous, on le savait que cela ne pouvait pas durer, les trente glorieuses. Fin des années 60, on se disait : Pourquoi lutter contre la société de consommation puisque de toute façon, elle va s'effondrer d'elle-même. La planète a des limites. Après les nuages, on vend les étoiles ! C'est effrayant. Cette boule est devenue un gros casino : il y a ceux qui jouent et ceux qui en crèvent. »

-----
*Avatars, chez Universal.
*En concert du 26 au 28 mars 2009 au 140 à Bruxelles