Orchestres à cordes,  piano, cuivres, guitares électriques… Dans ce douzième album richement  orchestré mais finement ouvragé, William Sheller vole de style en style, avec une  maestria constante.
            
              Avatars,  « incarnation divine », ou « transformations » ? La  seconde proposition s’impose d’emblée, tant l’art du maestro se révèle ici  protéiforme. Seuls jusqu’à présent les albums Univers (1986) et, à un degré moindre, Les Machines absurdes (2000), avaient à ce point illustré l’inouïe  diversité de la geste médiévale shellerienne.
                
                Feu de tout bois
                Enfant du classique, traumatisé par la pop 60 s’, auteur-compositeur  fécond, créateur majeur de la chanson de ces dernières décennies et, sans  conteste, le plus authentiquement « musicien » des chanteurs français  (Ajoutons, formidable homme de scène dont les spectacles sensibles et élégants,  sont enchanteurs…)
              Passée l’escapade en piano-voix d’ Epures,  en 2004, Sir William, dans ce douzième opus studio, se fait plaisir (et à  l’auditeur, ô combien…) en faisant feu de tout bois, abordant chacun des styles  auquel il s’est frotté depuis l’inaugural Rock’n’dollars,  en 1975. Et même -par l’orgue Hammond de Spyder  le cat interposé- depuis My year is a  day, tube composé en 1968 pour les Irrésistibles. 
  Avatars démarre par le premier  mouvement du morceau éponyme. Terrain connu : pizzicatos de violons  préparant le terrain pour l’arrivée d’un orchestre, d’une batterie majestueuse  et d’une section électrique, avant que la voix de l’artiste ne vienne évoquer  le « simple et long bonheur d’aimer ».  Enchaînement, après son de tonnerre lointain, avec une Longue échelle médiévale à la mélodie  redoutablement efficace, avant Tout ira  bien, autre futur standard shellerien et clin d’œil éclatant à la guitare  qui pleure de George Harrison. Suivent Félix  et moi, paisible ballade à cordes pincées, et Jet lag, première incursion sur les terres électriques du rock d’Albion. Se réinvitent ensuite violons et  violoncelles pour Tristan,  inconsolable de l’absence d’une « fille  aux habits noirs ». 
  
  « Les conquidences… » 
                Piano qui flâne, écho west-coast 70’s et sax mutin pour Blackmail. Piano qui sautille pour un Music hall fantaisiste. Retour aux  guitares acérées avec Le veilleur de nuit,  qui sait que Spyder le cat ne  quittera jamais sa maîtresse piscivore. Invitation aussi à « voir les conquidences… Au moins ça met de  l’ambiance… ». Le Camping,  version Sheller. Il est déjà temps de retourner voir Ailleurs avec un second Avatar.  Prodiges en rangs serrés.
  Avatars,  « incarnation divine » ou  « transformations » ? Finalement, la première proposition se  justifie également… 
 
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              * Avatars,  de William Sheller  (Mercury)
            Sortie lundi 27 octobre.