Platine N°145
novembre 2007

William Sheller & le quatuor Stevens
"LIVE"
(Mercury/Universal)



C'est bien connu  : après 30 ans de carrière au sommet, l’inclassable auteur-compositeur William Sheller n’a jamais su choisir entre la chanson de variété et la musique classique. Pour preuve, au cours de ces dernières années, après son très classieux album de chansons Epures (2004), c’est un album live enregistré au Cirque royal et sous influence classique qu’il nous offrait en 2006, le tout intercalé entre de discrets albums instrumentaux, Œuvres pour quatuor (2003) et Ostinato, œuvres symphoniques (2006), sans compter une participation à l’album collectif 3ème souffle (2006) avec Richard Galliano et Michel Colombier.
Histoire de patienter jusqu’au prochain album de chansons en cours d’enregistrement et annoncé pour 2008, c’est cette fois un nouveau live aux arrangements très soignés qu’il nous propose, enregistré au théâtre du Carré magique de Lannion à l’issue d’une tournée de quarante dates avec le quatuor Stevens, composé des violons Nicolas Stevens et Laurence Ronvaux, de l’alto Eric Gerstmans et du violoncelle Jean-François Assy.
Alors certes, à défaut de découvrir un ou deux inédits, ce n’est pas la première fois que ses inusables tubes comme Maman est folle, Cuir de Russie, Le Carnet à spirale, NicolasLes filles de l’aurore, J’cours tout seul, Un homme heureux, Dans un vieux rock’n’roll, sont revisités sur un album live à valeur de compilation, loin de là… Il n’empêche qu’on ne va pas bouder son plaisir : d’abord, parce qu’avec une exigence hors du commun, Sheller s’est attaché à véritablement nous donner une nouvelle lecture de ses chansons, quand tant d’autres se contentent de les resservir à la même sauce, qu’il s’agit d’un véritable live (en atteste une belle plantade conservée, preuve d’une honnêteté artistique qui force le respect) et qu’au bout du compte, au-delà de l’émotion qui émane de ses chansons tendres et mélancoliques, on ne peut que s’incliner devant sa rigueur d’écriture et la modernité à toute épreuve de son œuvre.
Cerise sur le gâteau, le visuel est signé des mythiques studios Harcourt. Bref, la grande Barbara avait raison : ce garçon est fait pour chanter, et comme elle, c’est sur scène qu’il dévoile sa belle âme secrète.