Le Midi libre
23 mai 2007
-article avant un concert au théâtre Jean Alary de Carcassonne, 25 mai 2007-

William Sheller,esthète de l'épure musicale

 


Les privilégiés qui avaient, le 15 juillet 2000, assisté à la prestation de William Sheller au Grand Théâtre de la Cité ont sans doute encore l'instant précieux en mémoire. L'incessante pluie, pas plus que la menace pesant sur les instruments anciens prévus pour cette date, n'avaient empêché l'artiste de livrer une magique soirée, finalement seul en scène. 
Vendredi soir, c'est à nouveau en solitaire, au piano, que William Sheller occupera le théâtre Jean-Alary. Un solo pour livrer ces Epures, CD sorti fin 2004.
Un album en forme de retour aux sources de la musique, au plus simple, sans emphase, pour s'approcher au mieux de l'émotion. L'artiste ne s'est pourtant pas reposé sur ce succès et les saluts de la critique. L'an passé, celui qui a fait ses gammes au conservatoire, a livré avec Ostinato un CD entièrement consacré à sa musique symphonique.
Toute la dimension de William Sheller est là, dans cette capacité à explorer toutes les facettes de la chanson. Auteur pour Dalida, il se lance comme auteur-compositeur-interprète en cédant aux encouragements de Barbara, pour qui il écrira également.
Avec les albums Rock'n’dollars (1975) ou Dans un vieux rock'n'roll (1976), ce trentenaire s'inscrit sans peine dans la variété française, et se fait une place au point de remplir Bobino en 1981 ou l'Olympia, un an plus tard, pour son premier album live. Et c'est au cœur de ces années 80, si peu propices à l'innovation et l'originalité musicale, que William Sheller va à contre-courant s'offrir sa liberté musicale.
Opéra ou clin d'œil à Lully trouvent ainsi place sur l'album Univers, en 1987, trois ans après avoir occupé les scènes avec le quatuor Halvenalf. Un tribut au classique résolument ancré dans la modernité, puisqu'à l'orchestre symphonique répondent batterie et guitare électrique.
En 1989, son album Ailleurs laisse place à des plages instrumentales, et trouvera sur la scène du Palais des Congrès l'expression de l'ambition de Sheller, avec un orchestre de 70 musiciens aux côtés du compositeur. Pas question cependant de cesser la quête d'innovation.
L'an 2000 marquera avec Les machines absurdes l'exploration de l'univers électro. Concession sans peine à la modernité, puisque la symphonie ou le piano conservent droit de cité sur cet opus, avant, quatre ans plus tard, de livrer une symphonie composée de ses mains. Un nouveau grand écart autorisé à celui qui, à 60 ans, s'avance en toute discrétion comme le plus complet et audacieux des compositeurs français.

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Vendredi 25 mai, à 20 h 30, au théâtre Jean Alary.