La Dépêche du Midi
(édition Grand Sud-Aveyron)
7 avril 2005
-interview avant un concert avec orchestre à l'Amphithéâtre de Rodez le 7 avril 2005-

William Sheller: « Je ne me sens pas une star »



RODEZ (12) - Amphithéâtre. 200 places encore disponibles pour le concert, ce soir.


- « Avez-vous un lien avec l'Aveyron ? »
- « Je n'y ai pas de famille. J'y suis venu en vacances il y a bien des années mais cela ne suffit pas pour dire que l'on connaît la région. Quelques clichés me viennent : la route de Compostelle par Conques, les belles vaches de L'Aubrac (j'adore les vaches), les magnifiques châteaux médiévaux et la superbe cathédrale de Rodez bien sûr. »

- « Comment aimez-vous concevoir vos spectacles ? Et ce soir ? »
- « Un peu comme étaient ces veillées de l'ancien temps où l'on racontait des histoires, puisque les chansons sont des histoires en musique. Pour cela je me suis entouré de 18 musiciens complices et qui participent aux récits en y apportant des images instrumentales. Je ne vais pas tout vous dire, il faut garder la surprise… »

- « Quelles émotions aimez-vous partager avec le public ? »
- « J'aime avoir un rapport humain avec "les gens", je ne sais pas pourquoi mais je n'emploie jamais le mot "public". C'est un mot froid, un peu impersonnel peut-être. J'aime parler aux gens dans la salle, leur dire les quelques anecdotes qui ont fait naître une chanson ou une autre. »

- « Quelles sont vos priorités dans la vie ? »
- « Les émotions c'est ce que nous avons tous réellement en commun, même si nous sommes différents de culture, de région ou de coutumes. C'est curieux voilà une question que je ne m'étais jamais posée… Je crois que ce serait de garder un regard d'homme sur mes semblables. Je tiens à conserver une vie qui me permette d'être proche des gens. Se sentir star c'est se couper du monde réel. Qu'a-t-on à dire qui touche réellement si l'on ne fréquente plus des gens "normaux" qui ont une vie comme tout le monde ? »

- « Quel regard portez-vous sur votre métier et le show-business ? »
- « Je suis surtout musicien, et plus proche du monde du théâtre que de celui du show-business. Ce n'est pas une distance méprisante que je prends, c'est simplement que j'aime vivre des aventures musicales hors de la chanson et que tout cela prend du temps. Je ne me sens pas une vedette ou un "people" et ce métier tend à ne plus être qu'une foule de "peoples" qui passent et puis s'en vont. Le problème est que le marketing s'est de plus en plus immiscé dans la création, or un bon commerçant ne peut imaginer ce qu'il vendra demain que par rapport à ce qu'il a bien vendu la veille. Donc on sort des produits qui se ressemblent, avec un détail en plus, et le détail… c'est la nouvelle vedette. »

- « Quels défis avez-vous envie de relever maintenant ? »
- « Je n'ai aucun défi, j'écris ce que j'entends et j'en publie le résultat quand cela en vaut la peine, ou alors on me passe des commandes, mais je n'ai pas d'objectif de carrière. J'ai été très honoré de recevoir toutes ces récompenses mais il fut un temps où cela était un peu pesant… après je n'osais plus rien écrire, de peur de ne pas répondre à une sorte d'attente. Heureusement c'est passé. »