Derrière 
          ses allures faussement désinvoltes, William Sheller est un passionné. 
          Depuis la sortie des Machines absurdes en 2000, il a assuré une 
            longue tournée, sorti un album de pièces pour quatuor interprétées 
            par le Quatuor Parisii, enregistré son concerto pour trompette avec l'Orchestre 
            national de Lyon dirigé par Michel Plasson, créé une symphonie 
            aux festival classique de Sully-sur-Loire... et enfin, il a écrit et composé 
            Epures, un album piano-voix qu'il présente, accompagné d'une 
              vingtaine de musiciens, aux Folies-Bergère. Rencontre avec un homme simplement 
            heureux.
      
              - "Epures est un album assez sombre ?"
              - "Pas du tout ! Quand on 
        écoute Lynda Lemay et bien d'autres qui racontent des histoires de gens 
        qui pleurent et meurent, moi, c'est juste une petite mélancolie douce. 
        Les artistes sont des témoins de leur temps, de leurs voisins, de ce qu'ils 
        voient dans la rue. Ce sont des miroirs. Quand on voit de la tristesse, c'est 
        que l'on n'est pas bien. Les jeunes d'aujourd'hui ont des textes bien plus désespérants. 
        A côté, moi je me sens fort joyeux !"
        
        - 
          "Un peu moins dans l'exercice de l'écriture ?"
          - 
        "C'est une horreur ! Ce qui me rassure, c'est que Colette disait également 
        que c'était une souffrance. En fait, je n'ai aucune personnalité 
        d'auteur, alors je m'amuse avec des climats. Mon Hôtel, je l'ai traité 
        à la Baudelaire mais ça tire aussi du côté d'Anna de 
        Noailles, deValéry, de Cocteau. Mais qui lit encore Anna de Noailles ?"
        
        - 
          "Vous n'êtes pas tenté, comme votre amie Catherine Lara, de 
          composer une comédie musicale ?"
          - "J'ai un projet 
        secret. Je voudrais faire le Christmas Caroll de Dickens. Mais ce ne serait 
        pas une comédie musicale, plutôt un opéra pour la jeunesse, 
        à la Britten. J'ai envie de ça". 
        
        - 
          "Les Folies-Bergère, c'est la première fois ?"
          - 
        "Oui. J'aime le côté baroque de cette salle. J'y retrouve ma 
        famille de musiciens. Ceux qui étaient avec moi il y a cinq ans. C'est 
        un grand groupe, ils se déplacent et pour cela, ils ont accepté 
        d'apprendre tout le répertoire pratiquement par coeur. J'ai adoré 
        travailler avec le Quatuor Parisii. Voilà des classiques qui se mouillent, 
        comme Casadesus ou Plasson". 
        
        - "Vous 
          étiez destiné au prix de Rome. N'avez-vous jamais regretté 
          ce changement de trajectoire ?"
          - "Non, surtout si c'était 
        pour me retrouver à faire de la musique contemporaine à tout va. 
        Ce n'est pas mon truc. Pourquoi me frustrer de toutes les musiques que j'aime 
        pour être un nouveau Dusapin ?"
        
        - "Quelles 
          sont ces musiques ?"
          - "Le classique, le rock, la variété.. 
        même certains trucs en techno que me fait découvrir mon fils. Je 
        continue à dire que les trois œuvres qui ont été importantes 
        dans ce siècle, sont : Le Sacre du printemps de Stravinsky, Sergent 
          pepper's, des Beatles, et Le Marteau sans maître, de Boulez. 
        Elles ont fait réfléchir des musiciens".
        
        - 
          Vous fêtez trente ans de chansons. Vous ne craignez pas l'album de trop 
          ?"
          - "Non, je n'ai peur que du silence, de ne plus rien 
        entendre". 
  
        
        ------
        Folies-Bergère,  du 1er au 12 février à 20 h 30.