Le Parisien
10 novembre 2000
- Entretien avant le concert exceptionnel "Double Jeu" du 11 novembre 2000 au Théâtre des Champs-Elysées-

Au Théâtre des Champs-Elysées
Tout Sheller en deux concerts

 

William Sheller sort de sa solitude bien-aimée. Après avoir entamé une tournée en France et en Belgique, il se produit, ce soir et demain, dans un lieu qui lui est cher, le Théâtre des Champs-Elysées : «Mon grand-père y était décorateur et ma grand-mère ouvreuse. Elle tirait les cartes en coulisse. J’ai donné sa boule de cristal à Barbara !» Contrairement aux concerts qu’il avait donné en février à l’Olympia et où il était entouré d’une vingtaine de musiciens classiques, ce que William propose ce week-end est plus intimiste : «J’ai un petit groupe autour de moi, et si le concert de vendredi sera d’une longueur normale – environ deux heures-, celui de samedi, que j’appelle "Double jeu", va durer environ quatre heures et demie ! Je vais y proposer l’intégrale de ma carrière.»  
Serait-ce un bilan annonçant quelque adieu déguisé ? «Non, assure-t-il. Je vais d’ailleurs revenir au Théâtre des Champs-Elysées le 21 novembre, et on va sortir un album live. Cela dit, il n’est pas impossible que le chanteur s’efface un jour derrière le compositeur. Je trouve que la chanson est un format un peu étroit. J’ai envie de symphonies. Mais pour l’instant, je suis d’autant plus heureux d’aller sur scène que, samedi, mon père jouera avec moi.» 

«Je pourrais devenir moine»

Son père, américain et contrebassiste de jazz, est l’une des rares personnes pour qui William sort de sa retraite. A 53 ans, ce jeune grand-père de la chanson française (il a un petit-fils, Yale, 2 ans), pourrait prendre du bon temps en famille. En fait, cet ermite des temps modernes compose treize heures par jour sur son ordinateur, communique par
e-mail avec sa fille Johanna en Thaïlande ou avec sa maison de disques. Même pour enregistrer son dernier album Les machines absurdes, il n’a pas quitté sa chambre d’hôtel de La Baule, où il a installé un studio mobile. «Je pourrais devenir moine, dit-il en souriant, je ne veux plus de ces bavardages sans intérêt qui freinent la réflexion et la création».
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William Sheller, au Théâtre des Champs-Elysées, vendredi 10 novembre à 20 h 30 et samedi 11 à 19 heures.