Le Matin
31 juillet 2000
- concert avec orchestre du 30 juillet 2000 au Paléo-festival de Nyon -

Les critiques du matin
Grande scène / William Sheller
(par Christophe Fovanna)



Il fut un temps où l'on entendait souvent dire que William Sheller n'arriverait jamais à forcer le mariage entre Monsieur Rock et Madame Classique. C'était mal connaître le talent de l'entremetteur. Sur la Grande Scène du Paléo, les festivaliers ont vu défiler un peu de la progéniture du couple. Le Nouveau Monde pour commencer. Et puis Oh ! J'cours tout seul, Basket-ball, La tête brûlée...Tous ces enfants de l'artiste, et tous ceux qui allaient suivre, se sont présentés magnifiquement habillés par un orchestre de vingt musiciens. Des cordes classiques, des cuivres, des vents (clarinette, basson, flûte), des cordes électroniques, une batterie et, évidemment, le piano de William. Chaque chanson était orchestrée à sa façon, mettant chaque fois en avant un ou plusieurs instruments. Ainsi fut donnée Nicolas avec un quatuor à cordes. Il n'y avait rien que des vents pour feuilleter Le carnet à spirale, et un duo contrebasse-basson pour souligner To You. Il y eut aussi une splendide version d'Un homme heureux sur un subtil dialogue entre une trompette jazzy et le piano. Pas un instant de ce concert, donc, qui ressembla à l'autre. Sheller nous a ainsi offert une prestation d'une richesse sonore extraordinaire, dans les moments les plus élégiaques comme dans les plus rythmés (Excalibur, donné en fin de concert, fut dans ce registre un sommet). Un petit tour hors de scène et Sheller est revenu pour un bis baignant Dans un vieux rock'n'roll. Un vieux rock comme, à n'en pas douter, aurait pu en imaginer un Mozart lui-même. Superbe !