Les Dernières Nouvelles d'Alsace
12 avril 2000
-Concert à La Filature de Mulhouse, 11 avril 2000-

William Sheller à La Filature
Fiers et fous de lui

 

Filature complète mardi soir pour William Sheller...

Sans télé, sans radio ou si peu, sans paraître, ni dans les journaux «people» ni dans ceux plus spécialisés, sans s'étaler, sans se vendre ailleurs que dans les bacs des disquaires, l'homme pour qui l'on se bousculait cette semaine draine dans son sillage depuis plus de vingt ans, tel le petit joueur de flûteau, un public fidèle. Celui qui garnissait jusqu'à la plus lointaine place les rangs de la Filature panachait la «génération Sheller», celle qui le chérit depuis toujours, et des petits clones à elle, biberonnés à un «bon vieux rock and roll»...

Jeunes et moins jeunes, réunis pour une communion qui n'eut rien de solennelle autour d'un petit bonhomme à grosses baskets qui s'apparente toujours autant à Tintin, entouré de 18 musiciens, moyenne d'âge 30-35 ans, sérieux s'abstenir...  Un combo de choc pour une soirée au top que mena un William Sheller lunaire et chaleureux, bavard mais pas trop, livrant par petites touches l'inspiration des chansons qui composèrent, telle la bande-son de deux décennies, un show peaufiné dans les moindres détails... Eclairages, mise en scène, ballet des musiciens, jusqu'à la succession annoncée dans le programme des titres, tout est léché, sans pour autant paraître immuable...  Les perles mélancoliques, Nicolas, Le carnet à spirale, Les miroirs dans la boue succèdent aux plus énervés Oh ! J'cours tout seul, A franchement parler, Les filles de l'aurore...

Striée de guitares électriques ou caressée par les archets, la musique de William Sheller est diverse, puisée à de multiples sources et toujours transcendée par un formidable talent de mélodiste. Rien de moins bon dans ses textes, aux atmosphères si personnelles, aux images brumeuses et aux matins difficiles, du côté de l'enfance et de la famille : du côté de l'amour aussi, qui sourd de partout chez ce surdoué... Zen, rock, classique, new age parfois, Sheller a trop d'étiquettes pour n'en avoir qu'une et trop à partager pour souffrir des limites.  Les gens heureux n'ont pas d'histoires ? Sheller, l'homme heureux qui en a plein, des histoires, a empli d'émotion le millier de spectateurs privilégiés qui a reçu avec enthousiasme les signaux affectueux d'un chanteur hors normes. Fiers et fous de lui...