Le Temps
22 janvier 2000

William Sheller : Les Machines absurdes
(par Vincent Monnet)

 

De la partition symphonique à la pop sophistiquée en passant par l'hymne amoureux, William Sheller n'a jamais refusé de nouveaux défis à son appétit créatif. Homme de culture et de formation classique, l'ex-arrangeur de Barbara a par ailleurs su conserver, par-delà les modes et les courants, les oreilles grandes ouvertes sur les musiques actuelles. Rompant six ans de silence discographique, Les Machines absurdes explore donc les voies d'un métissage subtil et parcimonieux entre électronique raffinée, guitares distorsionnées et jets de violons langoureux. Un minutieux travail de studio que le compositeur franco-américain n'a, pour une fois, pas abandonné à sa seule élégance naturelle, puisqu'on retrouve sur l'album Yves Jaget, dans le rôle d'ingénieur du son, et Gaël Martinet, dans celui de l'expert ès machinae. A cet extrême aboutissement formel répond une écriture tout aussi léchée, aplat de mots simples mais remarquablement assemblés, que leur auteur met en correspondance en multipliant détours, allusions et clins d'œil. Et c'est les oreilles hagardes de bonheur que l'on suit le délicat Sheller dans cette déambulation nostalgique, promené, au fil de fines douleurs intérieures, d'amours manquées en souvenirs perdus. Au final : dix titres aussi éclectiques qu'indispensables.

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Chanson. William Sheller, Les Machines absurdes
(Mercury 546 922-2/Universal)