Vinyl N°23
septembre-octobre 1999

William Sheller
Tu Devrais chanter
(Philips 538557-2. 1998)
(par Robin Rigaut)


CD 1 :
Rock'n'dollars /Le carnet à spirale / Photos-souvenirs / Dans un vieux rock'n'roll / Une chanson noble et sentimentale / Les petites filles modèles / J'suis pas bien / Oncle Arthur et moi / Maman est folle / Mon Dieu que j'l'aime / Oh! J'cours tout seul / Simplement / Nicolas / Darjeeling / Excalibur / Une chanson qui te ressemblerait / Les millions de singes (59’48)

CD 2 :
Un homme heureux / Fier et fou de vous / J'me gênerais pas pour dire que j't'aime encore / Vienne / Le capitaine / Les mots qui viennent tout bas / La tête brûlée / Les miroirs dans la boue /Basket ball / Les orgueilleuses / Le Nouveau monde / A l'après-minuit / Les filles de l'aurore / A franchement parler / Maintenant tout le temps / Genève / Centre-ville (69’56)


« Tu devrais chanter… » Ainsi parlait Barbara à William Sheller qui lui orchestra avec brio son album La louve en 1972. Le jeune William eut la bonne idée d’écouter le sage conseil de « la grande dame brune » en nous offrant un joli parcours qui t’est épluché en Vinyl N°9
Tu devrais chanter est le titre choisi par Sheller pour ce double CD qui va plus loin que la simple-compile-en attendant-le-nouvel-album, mais qui se veut véritable rétrospective, via un livret informatif où l’artiste se confie avec une humilité et un réalisme confondants. « Ce n’est pas une compil de plus, non, c’est un peu de mon histoire » écrit-il en se penchant sur son œuvre… 
En dehors des 2 titres inédits sans doûte là pour « booster » les ventes,  Les Millions de singes sur le thème récurrent de cette humanité disparate constituée de « Millions de singes adorant plus ou moins les mêmes dieux » (CD1), ou Centre ville enregistrée piano-voix à la manière d’Un homme heureux (fin du CD2), deux chansons plutôt moyennes qui n’atteindront jamais Symphoman ou Nicolas, ce sont ces annotations shelleriennes qui offrent la particularité de ce bel objet !
De ces débuts avec My year is a day (gros succès en 68) enregistré par « de jeunes Américains plutôt sympas affublés du nom Les Irrésistibles »  d’abord, solo ensuite avec Rock’n’dollars chez Bouvard où on le reléguait dans la catégorie « chanson idiote » (sic), jusqu’aux albums sous-estimés ou incompris (le classique Ailleurs ou le bouillonnant Albion) , via ses « insomnies dans la solitude » et autres « promos fatigantes » où l’on se maintient à coups de « bonbons graves qui font rigoler » et autre « perlimpinpin qui cuit le nez et anesthésie les gencives », William Sheller nous livre sans état d’âme un condensé habile et sans fard de ce show-bizz ringard qu’il dénonce aujourd’hui avec dégoût. On ne l’y reprendra plus !
D’un point de vue strictement musical, ses observations savantes sont également d’un grand intérêt… au risque d’égarer le néophyte (ben oui, la musique ça s’apprend !)
La sélection, enfin, est irréprochable (versions d’origine) et si je regrette l’absence de Symphoman -qui, pourtant, tenait sur le CD1-,  j’apprécie les titres uniquement sortis en single (J’me gênerais pas…, Les petites filles modèles), les raretés vinyliques jamais rééditées en CD (A l’après-minuit ou le délicieux Oncle Arthur et moi) (1) ou cette reprise de la « duchesse », Vienne, initialement publiée sur le CD collectif Urgence en 92.
Bref, un véritable album de « Photos-Souvenirs », dont on attend encore plus impatiemment la suite…

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Notes du site :
(1) A l'après-minuit et Oncle Arthur et moi étaient déjà parus sur CD en 1993 dans la compil "Carnet de notes"