Le Matin
31 juillet 1995
-concert du 30-7-1995 au Paléo-festival de Nyon en Suisse-

Du tout grand Sheller
(Mary-Claude Taillens)


Le chapiteau accueillait hier soir le bon père William qui a effacé d’un coup d’un seul la déception causée par les quatre Corses de I Muvrini.

Bien que Bashung ose avec Joséphine sur la grande scène, le chapiteau ressemble à une véritable boîte à sardines. Il déborde littéralement. Rien d’étonnant puisque c’est un tout grand monsieur de la chanson française que le public attend. Comme si William Sheller, car c’est de lui qu’il s’agit, voulait calmer l’impatience naissante, il fait son entrée avant l’heure. A l’évidence, son concert sera plus classique que rock, puisque c’est avec Le Nouveau Monde qu’il salue ce festival qu’il ne connaissait pas jusqu’à hier. Emu, il regarde le public. C’est alors que retentit une immense ovation. Sheller, d’habitude si bavard, reste sans voix. Comme s’il ressentait une intense émotion. Puis, il sourit, salue, présente ses chansons l’une après l’autre. Basketball, Je cours tout seul... Tous ceux qui ont boudé les autres scènes ne regrettent pas le choix difficile qu’ils ont dû faire.

La déception
Avant ce moment privilégié, le groupe corse I Muvrini avait pris possession du chapiteau. I Muvrini s’est d’abord fait connaître en accompagnant Jacques Dutronc en tournée. Avant de se lancer seuls dans l’aventure. L’année dernière, ils ont répondu à l’invitation de Véronique Sanson pour interpréter, avec elle, un morceau de Comme ils l’imaginent, son dernier album. Las, cette popularité naissante leur convient mal. Plutôt que de privilégier l’interprétation a capella, les quatre Corses ont choisi de chanter accompagnés d’instruments qui allaient du synthé à la cornemuse en passant par la vielle à roue. Dommage !