Sud-Ouest
28 novembre 1994
-Concert au Palais des sports de Bordeaux, 26 novembre 1994-

Palais des sports
Sheller au grand air
(par Patrick Scarzello)


Dans un Palais des sports qui recevait 1200 personnes d’un public familial, William Sheller donnait samedi un long concert florilège de ses succès.

Il arrive, la chemise bicolore en dehors du pantalon, de lourdes chaussures de crêpe aux pieds. William Sheller cite Lamartine dès son premier titre, entouré d’un grand orchestre classique de quinze musiciens. Mais l’installation des instrumentistes, elle, n’est pas classique. Ses violons, ses violoncelles, flûtes et autres appareils à vent vont se disposer au gré des chansons selon une configuration mouvante qui utilise l’espace pour créer un mouvement supplémentaire ; certains joueurs s’asseyant à même l’estrade.
Le chanteur des Petites filles modèles, tête brûlée est assis au piano. Dès Basket-ball, se découvre le groupe, une batterie, une basse, guitare et saxo. C’est la partie pop et électrique qui s’ajoute ou disparaît selon la réorchestration des chansons. Parce que si l’auteur a choisi d’interpréter un florilège de ses succès, c’est en les réimaginant  musicalement. Comme quoi quand la composition est bien écrite, on peut lui faire subir les traitements que l’on veut. Et Sheller ne s’en privera pas, donnant ainsi de nouvelles couleurs ou laissant poindre des arrangements –notamment au violon- pas forcément enregistrés en disques.
Alors que la salle reconnaît ses morceaux dès l’intro, lui raconte des historiettes légères entre les morceaux qui égayent une inspiration douce-amère. Nicolas, avec des cordes comme des sanglots. Le Carnet à spirale, avec cor, cuivre et flûte. Fier et fou de vous, repris en battements de mains. A franchement parler, qui souligne la dextérité de ses deux mains, la plus rock aussi. Et ces violonistes qui passent par devant, par derrière, dans une sarabande orchestrée.

Applaudi à tout rompre
L’artiste livre un inédit, Dépression d’hiver, chanson lente qui évoque l’humeur des terres anglaises, les vents noirs. Et quand commence la seconde partie, c’est déjà une appréciation à tout rompre, une adhésion Noble et sentimentale ou bien « l’Age des vagabondages » ?
En tout cas, Un homme heureux se fait très jazzy, avec trompette. Et Les filles de l’aurore sont reprises en applaudissements rythmés. Jusqu’aux rappels. Trois. Et encore des admirateurs pour manifester leur enthousiasme alors que les lumières se sont rallumées…
Reste que William Sheller en concert, mieux encore que sur certains enregistrements, démontre la validité de son goût ambivalent pour l’addition groupe pop plus orchestre classique. Qui fonctionne. Car celui qui a stoppé ses études au conservatoire après avoir entendu les Beatles à la radio montre alors que l’on peut suivre les paroles et se laisser porter par la musique. Et vice versa.