Le Journal de Genève N°72
26-27 mars 1994

Disques
Chanson
(par Christophe Fovanna)



La solitude pèserait-elle à William Sheller ? On avait pourtant vu « Un Homme heureux » de n’avoir que le son du piano pour partager ses vocalises.
Mais ce dear William est un drôle d’explorateur jamais content du bord où il cabote. Le voici donc en villégiature en terre britannique. Un nouvel album surprenant comme un voyage dans le temps. En intitulant Albion son dernier opus, il nous indique le sens rétroactif de sa démarche : c’est en vérité du côté des années 70 que le compteur s’arrête. Affublé de quatre guys insulaires (David Ruffy, percussions, Gary Tibbs, basse, Steve Boltz, guitare et Mark Wallis, claviers), Sheller nous balade dans un univers épicé de références sonores. Pink Floyd, Deep Purple, Beatles and Co., viennent nous chatouiller les oreilles comme de vrais fantômes. Cela surprend indéniablement à la première écoute. Mais après deux ou trois passages… ça ne manque pas d’un certain charme. On cède à l’invite : « Laisse-moi t’emmener avec moi/Laisse-toi aller juste pour une fois/On va vers un endroit c’est le plus fou du monde… » Les textes de Sheller (pour 8 des 10 titres) sont toujours aussi si bien ficelés. De quoi séduire ceux qui ne sauraient se laisser convaincre par la musique.

* William Sheller, Albion. Philips CD 518 963 2.