L’Olympia a son olympe, le petit blond, là-bas, cheveux courts, tête bien pleine. Avec Sheller la qualité est garantie d’avance, pas besoin de prendre une assurance sur la médiocrité. Mais avec son spectacle, il nous offre le nec plus ultra : l’inédit. Pas de guitares, de synthés, de batterie… Un quatuor (merveilleux) et un piano. Sheller évolue dans un décor sobre et antique, il ne manque que la cheminée pour l’écouter au coin du feu raconter simplement et souvent avec humour des histoires de vie. De temps en temps, il laisse la place à ses quatre comparses à cordes. C’est délicieux. Il se retire sur la pointe des pieds et revient pour chanter ses succès (et il y en beaucoup) d’hier et d’aujourd’hui. Petit à petit, confidence après confidences, « l’anti-bête » de scène devient omniprésent, magnétique. C’est là toute la classe, comme dirait Maccione, de quelqu’un d’intelligent qui a compris (et c’est rare) qu’être sur les « planches » doit servir à faire autre chose, autrement. La poésie s’étire paresseusement, Sheller quitte son piano, tend la main à son public. Il a presque l’air gêné d’être ovationné de la sorte. Après l’entracte, il réapparaît en veste d’intérieur multicolore. Il présente un ami à lui, un Belge comme les frites, mais surtout comme Jacques Brel. Sheller vient de faire découvrir une star authentique (Didier Odieux), une gueule, une gouaille, et un talent pas possible. Après une interprétation de Vous mariez pas les filles de Boris Vian, complètement époustouflante, Sheller ose à peine revenir… et nous on a peine à quitter la salle après la petite dernière, surtout quand celle-ci s’appelle Comme dans un vieux rock’n’roll. Il paraît que ce musicien hors pair part en campagne sur les routes de France, ne le ratez pas !