Il ne reste plus que deux soirs  mais allez-y. Allez-y, vraiment. Car par les temps qui courent, à l’heure où  l’on crie à tout va à la révélation, celle-là en est une véritablement. 
    Bien  sûr, on connaissait William Sheller depuis quelque temps, par tubes interposés.  Depuis Dans un vieux rock’n’roll, Nicolas jusqu’à Rosanna Banana en passant par J’suis  pas bien, on avait le «son Sheller» dans la tête. Un ton alerte et  feutré, désespéré et tendre, une voix comme à bout de souffle, délicate… Mais  il fallait une vraie scène à Sheller toujours planqué derrière ses sillons ou  son clavier… 
    A l’Olympia, il a enfin donné un sens, une épaisseur, une couleur,  bref une réalité à ce ton. Il a fait, mieux que d’autres, se rencontrer  élégance et rock’n’roll. Proustien, il fait aussi se croiser dans son tour de  chant Les petites filles modèles (pas  tant que ça !...) et ce si fragile petit Nicolas, le détachement et la passion, le paumé et le dandy…
    Le grand talent de ce rock’n’roller symphonique (il est de formation  classique…), c’est d’abord la   pudeur. Cette formidable émotion retenue qui enchante la scène. 
    Il est doux, il  est fou d’écouter ce «symphoman» et ses mots qui court sur son «vieux  rock’n’roll», qui court comme sur la pointe des pieds. Sans vous paraphraser,  Monsieur Sheller, nous, on est «fier(s) et fou(s) de vous !»