Le Figaro N°11712
29 avril 1982
-Concerts à l'Olympia du 26 avril au 2 mai 1982-

NB : cet article au vitriol dézingue assez méchamment les différents artistes de ce concert, mais comme il est intéressant de confronter plusieurs points de vue, je vous l'ai mis "pour info".

VARIÉTÉS   William Sheller
Rétro-show
(par Jean Macabiès)

 


Au temps de la locomotive à vapeur, des casseroles en cuivre, des confitures de grand-mère et du phonographe à 78 tours, une vedette de music-hall n’entrait pas en scène avec les cacahuètes de l’entracte. Notoriété obligeait. D’où ces premières parties de programme, un peu bouche-trou, un peu travaux pratiques pour débutants dont l’Olympia nous restitue aujourd’hui le charme délicieusement rétro.
On commence la soirée avec un prestidigitateur pour salle des fêtes de chef-lieu de canton (1). Suit une rockeuse réaliste (2) vêtue de couleur candide et d’oripeaux noirs qui débite comme de la mortadelle des tranches de vie style : «Tu te prendras les pieds dans la toile que j’ai tissée» (sic). Exit l’Hermione du pavé branchée sur la haute tension et entrée de la vedette "américaine" comme on disait : Les Démones Loulou. Trois nénettes pur produit du café-théâtre dont le comique s’essouffle un peu dans la vaste arène. Juste un peu plus de super dans le moteur de ces pétroleuses, et elles pourraient franchir la fameuse barrière de l’entracte.
William Sheller, lui, connaît ce périlleux honneur. Habillé comme un Borg des années trente, chemisette et pantalon blanc (il ne lui manque que le béret basque), il s’arrime à son piano noir. Homme de scène sûrement pas. Mélodiste, oui et de la plus jolie espèce. Celle qui sait qu’un subtil enchaînement de notes est le plus sûr moyen de parler au cœur. Moment de musique pure. William Sheller possède l’art de faire chanter les autres. Car au music-hall, faux est le dicton qui affirme qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
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Olympia, 21 heures.

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Notes du site :
(1) Johnny Lonn
(2) Marie Léonor