Le Pèlerin N°4904
28 novembre-5 décembre 1976

Chanson
William Sheller un musicien
(par Albert Boitel)


L’an dernier, une chanson pastiche : Rock’n’dollars nous surprenait et.. en quelques jours son auteur, un garçon blond aux cheveux courts et à la silhouette de Teen-ager américain des années 50, se révélait comme un compositeur interprète avec qui, désormais, il allait falloir compter. Le grand public recevait bien ses chansons. C’était Photos souvenirs, La Fille de Montréal, Oncle Arthur et moi et Les Machines à sous.
William Sheller apportait quelque chose de nouveau à chaque chanson et ne se laissait enfermer dans aucun genre. Pourtant, on sentait aussi en lui une certaine unité : un style Sheller qui faisait que l’on avait envie d’écouter mieux ses chansons, de se les mettre dans l’oreille : on avait affaire à un musicien.
Le revoici avec un nouveau disque : une dizaine de bonnes chansons... qui sont déjà « populaires » au sens noble du terme, puisqu’elles ont su toucher en quelques jours le plus vaste des publics : Dans un vieux rock’n’roll, Le Carnet à spirale, etc…
Depuis quelques années déjà, le monde de la chanson connaît William Sheller comme un musicien de qualité.
Il est né à Paris, il y a trente ans, un 9 juillet : son père est américain et sa mère française. La famille Sheller n’a gère l’obsession de la stabilité et elle quitte bientôt notre pays pour les USA. Le jeune William vit ses premières années dans l’Ohio, puis c’est le retour à Paris. Son père est passionné de jazz. Contrebassiste amateur, il a pour amis les grands professionnels que sont Kenny Clark et Dizzy Gillespie.William grandit dans cette ambiance mais aussi dans celle des concerts classiques et de l’opéra : son grand-père décorateur de théâtre, lui fait découvrir les ballets, les orchestres symhoniques, Mozart, Wagner… : la musique.
A quinze ans, il sait qu’il sera musicien, et il a la chance de pouvoir s’initier avec les plus grands à la composition, l’orchestration, l’harmonie, le contrepoint : il prépare le prix de Rome. Un jour, il découvre les Beatles. Il se passionne : la musique classique était une musique populaire… La pop-music, musique vivante, en est la vraie continuation. William Sheller a trouvé sa voie : il tentera de créer le lien. Aujourd’hui, on sait qu’il y a réussi lorsqu’il nous dit : « La musique est l’art de décorer le silence des autres, mais il ne doit pas exister une seule manière de la faire. Pas de limites, pas de chapelles ! Peu importe que l’inspiration vienne du classique, du rock ou de la variété. Un compositeur vraiment contemporain doit tenir compte aussi bien de la musique "de la rue" que de celle qui est dans les livres… Il ne doit pas se couper du monde, des gens, de la vie… en gardant, bien entendu, toujours, comme souci principal, la qualité. »
Voilà William Sheller, chanteur mais aussi pianiste, auteur, compositeur, orchestrateur.
Souvenez-vous de la musique du film Erotissimo.. Souvenez-vous d’une messe Lux Aeterna devenue symphonie…
Mais tout cela n’est qu’un début… »